Centre d’Éducation Canine de Hermalle-sous-Huy (CECH)
L’alimentation, un acte éducatif et hiérarchique
« L’obéissance, ça s’apprend. Ici. »
L’instinct du chasseur : les origines du comportement alimentaire
Dans la nature, le chien sauvage consacre temps, énergie et stratégie à la recherche de nourriture.
Son comportement de prédation est directement motivé par la faim et la survie.
Caractéristiques de la proie :
-
Non agressive,
-
Non familière (aucune imprégnation),
-
Associée à la satisfaction alimentaire.
Les proies varient selon la taille et la force du prédateur :
souris, oiseaux, lézards, lapins, voire chevreuils pour les meutes organisées.
Les chasses peuvent être solitaires, en duo ou en meute, avec une organisation hiérarchique précise.
La chasse structure la meute.
L’accès à la nourriture définit la hiérarchie.
Du chien sauvage au chien domestique : l’alimentation reste un acte social
Chez le chien domestique, la chasse a disparu, mais le rapport hiérarchique à la nourriture demeure.
Manger n’est pas un simple besoin : c’est un repère de statut et de stabilité.
L’alimentation doit être adaptée à chaque individu selon :
-
la taille,
-
l’âge,
-
l’activité,
-
l’état physiologique (gestation, lactation, croissance, travail, convalescence).
Nourrir son chien, c’est aussi lui rappeler sa place dans la meute.
Les règles CECH pour un repas équilibré… et hiérarchique
Le moment du repas n’est pas une formalité : c’est un exercice éducatif à part entière.
Respecter quelques règles simples garantit la stabilité du binôme maître-chien.
1. L’ordre des repas
-
Le chien mange après ses maîtres ou au moins une heure avant eux.
Cela maintient sa place de subordonné dans la hiérarchie familiale. -
Ne jamais lui donner rien à table.
Les miettes “par gentillesse” deviennent des signaux de faiblesse dans son langage.
2. Le lieu du repas
-
La gamelle doit être toujours au même endroit, dans un espace calme et séparé du lieu de repas des humains.
-
Le chien doit manger seul, sans regard ni stimulation.
Manger en paix, c’est manger dans le respect du cadre.
3. Le comportement attendu
-
Le chien attend l’ordre pour manger.
-
Si le maître approche de la gamelle, le chien doit rester neutre, sans grognement ni défense.
➜ Cet apprentissage est essentiel pour prévenir les tensions hiérarchiques.
Le calme autour de la gamelle reflète le calme dans la relation.
Un chien qui accepte la main du maître sur sa nourriture accepte aussi son autorité.
Les erreurs fréquentes à éviter
❌ Donner de la nourriture à table pour “ne pas le frustrer.”
❌ Laisser le chien manger avant les humains.
❌ Bouger la gamelle à chaque repas.
❌ Regarder ou parler pendant qu’il mange.
L’incohérence crée la nervosité, la constance crée l’équilibre.
La coprophagie : comprendre pour corriger
Certains chiots (et parfois des adultes) mangent leurs excréments : c’est la coprophagie.
Ce comportement, bien que désagréable, n’est pas rare. Il disparaît souvent vers 3 à 4 mois, mais peut persister s’il est mal géré.
Les principales causes
1. L’apprentissage erroné et la peur de la punition
Un chiot puni après avoir fait à l’intérieur associe la présence de selles à une sanction.
Résultat : il cache la “preuve” en la mangeant.
➡️ La punition retardée crée la dissimulation, pas la propreté.
Solution CECH :
Ignorer l’accident, nettoyer sans bruit, et récompenser le bon comportement au bon endroit.
2. La compétition avec le maître
Certains maîtres, en voulant bien faire, courent pour ramasser les excréments avant le chien.
Le chiot comprend : “si je ne me dépêche pas, il va me les prendre.”
➡️ Il les avale… pour “gagner”.
Solution CECH :
Ignorer l’acte, détourner l’attention calmement, et ne pas ramasser sous ses yeux.
Le temps, la cohérence et la maturité règlent la majorité des cas.
3. Le déséquilibre digestif
Une mauvaise digestion peut laisser des résidus alimentaires odorants dans les selles.
Le chien, encore guidé par son instinct, y retrouve l’odeur de sa nourriture.
Causes possibles :
-
alimentation trop riche, trop grasse ou trop industrielle,
-
changements alimentaires brusques,
-
manque d’enzymes digestives,
-
additifs aromatiques trop puissants.
Solution CECH :
-
ajuster la ration ou changer de marque,
-
fractionner les repas,
-
introduire une surveillance vétérinaire si le comportement persiste.
4. Ennui ou stress
Certains chiens mangent leurs excréments pour s’occuper ou apaiser leur anxiété.
Ce comportement se rencontre souvent :
-
chez les chiens laissés seuls trop longtemps,
-
en chenil ou espace restreint,
-
ou chez les chiens trop stimulés sans repos mental.
Solution CECH :
-
réintroduire du travail éducatif (ordres, recherche, obéissance),
-
valoriser l’activité mentale,
-
restaurer un cadre stable et prévisible.
Les bons réflexes CECH
✅ Rester calme et cohérent : ne pas punir, ne pas s’énerver.
✅ Assurer une alimentation équilibrée et stable.
✅ Sortir régulièrement le chiot pour éviter les accidents.
✅ Ne pas ramasser devant lui.
✅ Travailler le “laisse” / “tu laisses” dès le plus jeune âge.
La propreté n’est pas une course à la punition, c’est une construction patiente.
Et comme toujours : clarté, cohérence, constance.
Conclusion CECH
L’alimentation, chez le chien, n’est jamais neutre.
C’est un acte social, hiérarchique et éducatif.
Le respect des rituels du repas et la compréhension de comportements comme la coprophagie permettent de maintenir l’équilibre du foyer.
Un chien qui mange dans le calme est un chien cadré.
Et un maître qui nourrit avec méthode nourrit la relation.
Centre d’Éducation Canine de Hermalle-sous-Huy – CECH
« L’obéissance, ça s’apprend. Ici. »